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[Parcours d’alumni] Thibaut Jedrzejewski, médecin engagé

Portraits

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24/03/2022

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Pour Thibaut Jedrzejewski, docteur en médecine, la santé communautaire, qui plaide en faveur de soins adaptés aux femmes, hommes homosexuels et aux personnes transgenres, trace la voie d’une santé inclusive universaliste. Rencontre. 


A l’origine, une thèse engagée

Le projet initial de Thibaut était de travailler sur la santé communautaire au sens large et de démontrer, qu’au-delà du qualificatif, celle-ci s’intègre parfaitement à une vision universaliste. En effet, ce travail spécifique permet de faire remonter les difficultés rencontrées par ces populations dans leur parcours de soin pour mieux les prendre en considération et faire évoluer le système. Face à l’ampleur de la tâche et pour fournir un travail scientifique de qualité, Thibaut a finalement choisi de circonscrire son sujet à la santé des femmes et des hommes homosexuels. « J’appréhendais les reproches sur les questions communautaires et je me suis vraiment appliqué à expliquer ce dont il était question et pourquoi il était nécessaire d’y intéresser. J’ai passé beaucoup de temps à justifier mon choix », explique Thibaut.

Lutter contre les idées reçues

« Historiquement, la santé communautaire démarre avec les hommes gay et la lutte contre le VIH. Mais d’autres populations ont des problématiques spécifiques. » explique Thibaut. Il y a aujourd’hui un vrai biais qui consiste parfois à stigmatiser la santé des hommes gays et à invisibiliser celle des femmes lesbiennes. C’est une population qui est moins dépistée contre le cancer du col de l’utérus, par exemple. Pour Thibaut, « cela s’explique par des idées préconçues sur la sexualité des femmes entre elles ».

« Cela montre bien la nécessité d’une approche médicale spécifique aux pratiques de chacune et chacun ». En cela, la thèse de Thibaut est essentielle. Pour lui, il s’agit d’une première pierre à l’édifice et il aimerait voir de plus en plus de médecins se former aux spécificités des minorités sexuelles. Cela va au-delà de la santé sexuelle et s’étend à des questions plus globales. Il estime que le sujet est encore récent en France alors que des pays anglo-saxons ont déjà amorcé cette prise de conscience et fait évoluer les politiques de soin.

Une prise de conscience qui progresse mais qui reste insuffisante

Il se réjouit toutefois de voir de plus en plus d’étudiants et étudiantes en médecine aborder le sujet dans leur thèse. Avec l’émergence de la PreP (acronyme de Prophylaxie Pré Exposition. Utilisé par des personnes séronégatives, ce traitement prévient de l’infection au VIH), les doctorants et doctorantes ont un nouvel objet d’étude mais pour autant déplore Thibaut « cela concerne toujours les hommes gay ; la santé des femmes lesbiennes passe toujours sous les radars ».

C’est aussi le cas pour les personnes transgenres. « Souvent, la transition d’un sexe à l’autre, les précarise et les écarte, de fait, des circuits de soin ». Là encore, le poids de l’histoire est lourd : « N’oublions pas qu’il y a encore peu de temps, on considérait qu’il s’agissait d’une pathologie mentale ».

Peu de médecins sont formés aux spécificités de ces différentes communautés qui nécessitent une approche médicale précise certes, mais pas uniquement. La santé sexuelle, mentale, les sur-risques de cancer, l’accompagnement d’une transition sexuelle, la prise en charge de complications liées à des prises de drogues ou d’alcool, tout cela s’inscrit dans une prise en charge globale. « Il reste encore du chemin à parcourir, nous sommes encore loin d’une reconnaissance générale de ces sujets de santé » estime Thibaut.

Thibaut a fait de son sujet de thèse son combat au quotidien et son métier : il consulte aujourd’hui au centre Le 190, fondé par son directeur de thèse le Docteur Michel Ohayon. Le 190 a pour ambition de faire baisser l’épidémie de VIH/sida par une approche globale qui place au centre de son dispositif les populations les plus exposées et qui tient compte des évolutions des pratiques et de l’environnement de chacun.

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